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Et elle pesait la situation, s’accusant d’avoir été trop gaie et trop familière à Royat, trouvant à présent que sa sœur avait raison, qu’elle s’était compromise, perdue ! La voiture roulait sur la route, Paul et Gontran fumaient en silence, le marquis dormait, Christiane regardait les étoiles, et Charlotte retenait à grand’peine ses larmes, car elle avait bu trois verres de champagne.

Lorsqu’on fut revenu, Christiane dit à son père :

— Comme il est nuit, tu vas reconduire la jeune fille.

Le marquis offrit son bras et s’éloigna aussitôt avec elle.

Paul prit Gontran par les épaules et lui murmura dans l’oreille :

— Viens causer cinq minutes avec ta sœur et avec moi.

Et ils montèrent dans le petit salon communiquant avec les chambres d’Andermatt et de sa femme.

Dès qu’ils furent assis :

— Écoute, dit Christiane, M. Paul et moi nous voulons te faire de la morale.

— De la morale !… Mais à propos de quoi ? Je suis sage comme une image, faute d’occasions.

Ne plaisante pas. Tu fais une chose très imprudente et très dangereuse sans y penser. Tu compromets cette petite.

Il parut fort étonné.

— Qui ça ?… Charlotte ?

— Oui, Charlotte !