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dont elles désiraient avant tout connaître les sentiments, la réserve et la pudeur professionnelles.

Puis un jour on annonça la venue de la princesse de Maldebourg, vieille Altesse allemande, catholique très fervente, qui appela, le soir même de son arrivée, le docteur Black auprès d’elle, sur la recommandation d’un cardinal romain.

De ce moment il fut à la mode. Il était de bon goût, de bon ton, de grand chic de se faire soigner par lui. C’était le seul médecin comme il faut, disait-on, le seul en qui une femme pût avoir entière confiance.

Et l’on vit courir d’un hôtel à l’autre, du matin au soir, ce petit homme à tête de bouledogue qui parlait bas, toujours, dans tous les coins, avec tout le monde. Il semblait avoir des secrets importants à confier ou à recevoir sans cesse, car on le rencontrait dans les corridors en grande conférence mystérieuse avec les patrons des hôtels, avec les femmes de chambre de ses clients, avec quiconque approchait ses malades.

Dans la rue, dès qu’il apercevait une personne de sa connaissance, il allait droit à elle de son pas court et rapide, et il se mettait aussitôt à marmotter des recommandations nouvelles et minutieuses, à la façon d’un prêtre qui confesse.

Les vieilles femmes surtout l’adoraient. Il écoutait leurs histoires jusqu’au bout sans interrompre, prenait note de toutes leurs observations, de toutes leurs questions, de tous leurs désirs.