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et Paul alla voir le bal. C’était une valse, tous valsaient : le docteur Latonne avec Mme Paille la jeune, Andermatt avec Louise Oriol, le joli docteur Mazelli avec la duchesse de Ramas et Gontran avec Charlotte Oriol. Il lui parlait dans l’oreille avec cet air tendre qui indique une cour commencée ; et elle souriait derrière son éventail, rougissait, semblait ravie.

Paul entendit derrière lui :

— Tiens, tiens, M. de Ravenel qui conte fleurette à ma cliente.

C’était le docteur Honorat, debout près de la porte, s’amusant à regarder. Il reprit :

— Oui, oui, voilà une demi-heure que cela dure. Tout le monde l’a déjà remarqué. Ca n’a pas l’air d’ailleurs de déplaire à la petite.

Il ajouta, après un silence :

— En voilà une perle, que cette enfant-là, bonne, gaie, simple, dévouée, droite, vous savez, une brave créature. Il en faudrait dix comme l’aînée pour la valoir. Moi, je les connais depuis l’enfance… ces fillettes… Et pourtant le père préfère l’aînée, parce qu’elle est plus… plus… comme lui… plus paysanne… moins droite… plus économe… plus rusée… et plus… plus jalouse… Oh ! c’est une bonne fille tout de même… je n’en voudrais pas dire de mal… mais, malgré moi, je compare, vous comprenez… et, après avoir comparé… je juge… voilà.

La valse finissait ; Gontran rejoignit son ami et, apercevant le docteur :