Page:Maupassant - Mont-Oriol, 1887.djvu/219

Cette page n’a pas encore été corrigée

— Mon cher William, ces choses-là m’embêtent. Je les sais d’ailleurs aussi bien que vous, et, je vous le répète, le moment est mal choisi pour me les rappeler avec… avec… avec aussi peu de diplomatie…

— Permettez, laissez-moi finir. Vous ne pouvez vous tirer de là que par un mariage. Or, vous êtes un parti déplorable, malgré votre nom qui sonne bien, sans être illustre. Enfin, il n’est pas de ceux qu’une héritière, même israélite, paye d’une fortune. Donc, il faut vous trouver une femme acceptable et riche, ce qui n’est pas très commode…

Gontran l’interrompit :

— Nommez-la tout de suite, ça vaut mieux.

— Soit : une des filles du père Oriol, à votre choix. Et voici pourquoi je vous en parle avant le bal.

— Et maintenant, expliquez-vous plus longuement, reprit Gontran d’une voix froide.

— C’est bien simple. Vous voyez le succès que j’ai obtenu, du premier coup, avec cette station. Or, si j’avais entre les mains, ou, plutôt si nous avions entre les mains toutes les terres conservées par ce finaud de paysan, j’en ferais de l’or. Pour ne parler que des vignes qui vont de l’établissement à l’hôtel et de l’hôtel au Casino, je les payerais un million demain, moi, Andermatt. Or, ces vignes-là et les autres, tout autour de la butte, seront les dots des petites. Le père me le disait encore tantôt, non sans intention, peut-être. Eh bien…, si vous vouliez, nous pourrions faire là une grosse affaire, tous les deux ?…