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devant son orchestre distrait. Et là-bas les soleils succédaient aux chandelles romaines, au milieu des détonations.

Tout à coup, une voix formidable lança trois fois ce cri furieux : « Arrêtez, nom de Dieu ! Arrêtez, nom de Dieu ! Arrêtez, nom de Dieu ! »

Et, comme un feu de Bengale immense s’allumait alors sur le mont, éclairant en rouge à droite, en bleu à gauche, les rochers énormes et les arbres, on aperçut, debout dans un des vases de simili-marbre qui décoraient la terrasse du Casino, Petrus Martel éperdu, nu-tête, les bras en l’air, gesticulant et hurlant.

Puis, la grande clarté s’éteignant, on ne vit plus rien que les vraies étoiles. Mais aussitôt, une autre pièce partit et Petrus Martel, sautant à terre, s’écria : « Quel désastre ! quel désastre ! Mon Dieu, quel désastre ! »

Et il passait dans la foule avec des gestes tragiques, des coups de poing dans le vide, des trépignements de colère, en répétant toujours : « Quel désastre ! Mon Dieu, quel désastre ! »

Christiane avait pris le bras de Paul pour venir s’asseoir au grand air, et elle regardait, ravie, les fusées qui montaient au ciel.

Son frère la rejoignit tout à coup, et dit :

— Hein, est-ce réussi ? Crois-tu que c’est drôle ?

Elle murmura :

— Comment, c’est toi ?…

— Mais oui, c’est moi. Est-elle bonne, hein ?