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Puis il entra dans le café complètement vide, étendit la main sous le comptoir où il avait vu Petrus Martel cacher la fusée de signal, et, l’ayant volée, il courut se cacher dans un massif, puis l’alluma.

La rapide gerbe jaune s’envola vers les nuages en décrivant une courbe et jetant à travers le ciel une longue pluie de gouttes de feu.

Presque aussitôt une formidable détonation éclata sur la montagne voisine et un faisceau d’étoiles s’éparpilla dans la nuit.

Quelqu’un cria dans la salle de spectacle où frémissaient les accords de Saint-Landri : « On tire le feu d’artifice ! »

Les spectateurs les plus proches des portes se levèrent brusquement pour s’en assurer et sortirent à pas légers. Tous les autres tournèrent les yeux vers les fenêtres, mais ne virent rien, car elles regardaient la Limagne.

On demandait : « Est-ce vrai ? Est-ce vrai ? »

Une agitation remuait la foule impatiente, avide surtout d’amusements simples.

Une voix du dehors annonça : « C’est vrai, on le tire. »

Alors, en une seconde, toute la salle fut debout. On se précipitait vers les portes, on se bousculait, on hurlait vers ceux qui obstruaient la sortie : « Mais dépêchez-vous, dépêchez-vous donc ! »

Tout le monde fut bientôt dans le parc. Seul Saint-Landri exaspéré continuait à battre la mesure