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— A trois heures ?

— A trois heures.

— MM. les professeurs y seront ?

— Oui. Ils accompagneront les marraines.

Les dames Paille l’arrêtèrent ensuite. Puis les Monécu père et fille. Mais comme il devait déjeuner, en tête à tête avec son ami Gontran, au Café du Casino, il y monta à petits pas. Paul, arrivé la veille, n’avait point vu seul à seul son camarade depuis un mois ; et il voulait lui conter beaucoup d’histoires du boulevard, histoires de filles et de tripots.

Ils étaient restés à bavarder jusqu’à deux heures et demie, quand Petrus Martel les prévint qu’on se rendait à l’église.

— Allons chercher Christiane, dit Gontran.

— Allons, reprit Paul.

Ils la trouvèrent debout sur le perron du nouvel hôtel. Elle avait les joues creuses, le teint bistré des femmes enceintes, et sa taille fortement bosselée annonçait une grossesse de six mois au moins.

— Je vous attendais, dit-elle : William est parti en avant. Il a tant de choses à faire aujourd’hui.

Elle leva sur Paul Brétigny un regard plein de tendresse et prit son bras.

Ils se mirent en route doucement, évitant les pierres. Elle répétait :

— Comme je suis lourde ! Comme je suis lourde ! Je ne sais plus marcher. J’ai si peur de tomber !

Il ne répondait pas et la soutenait avec précau-