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yeux qui lui sortaient de la tête. Puis soudain un léger glouglou se fit entendre par terre, à côté de son fauteuil. Le siphon du tube à double conduit venait enfin de s’amorcer ; et l’estomac se vidait maintenant dans ce récipient de verre où le médecin recherchait avec intérêt les indices du catarrhe et les traces reconnaissables des digestions incomplètes.

— Vous ne mangerez plus jamais de petits pois, Lisait-il, ni de salade ! Oh ! pas de salade ! Vous ne la digérez nullement. Pas de fraises, non plus ! Je vous l’ai déjà répété dix fois, pas de fraises !

M. Riquier semblait furieux. Il s’agitait maintenant ans pouvoir parler avec ce tube qui lui bouchait la,orge. Mais lorsque, le lavage terminé, le docteur lui ut extrait délicatement cette sonde des entrailles, il s’écria :

— Est-ce ma faute si je mange tous les jours des saletés qui me perdent la santé ? N’est-ce pas vous qui devriez veiller sur les menus de votre hôtelier ? Je suis venu à votre nouvelle gargote parce qu’on m’empoisonnait à l’ancienne avec des nourritures abominables, et je suis plus mal encore dans votre grande baraque d’auberge du Mont-Oriol, parole d’honneur !

Le médecin dut le calmer et il promit, plusieurs fois le suite, de prendre sous sa direction la table d’hôte des malades.

Puis il ressaisit le bras de Paul Brétigny, et l’emmenant :