Page:Maupassant - Mont-Oriol, 1887.djvu/179

Cette page n’a pas encore été corrigée

— Voici comment je suis arrivé à réaliser cette conception. Nous avons choisi six lots de terre de mille mètres chacun. Sur chacun de ces six lots, la Société Bernoise des Chalets Mobiles s’engage à apporter une de ses constructions modèles. Nous mettrons gratuitement ces demeures aussi élégantes que confortables à la disposition de nos médecins. S’ils s’y plaisent, ils achèteront seulement la maison de la Société Bernoise ; quant au terrain, nous le leur donnons… et ils nous le payeront… en malades. Donc, Messieurs, nous obtenons ces avantages multiples de couvrir notre territoire de villas charmantes qui ne nous coûtent rien, d’attirer les premiers médecins du monde et la légion de leurs clients, et surtout de convaincre de l’efficacité de nos eaux les docteurs éminents qui deviendront bien vite propriétaires dans le pays. Quant à toutes les négociations qui doivent amener ces résultats, je m’en charge, Messieurs, et je les ferai non pas en spéculateur, mais en homme du monde.

Le père Oriol l’interrompit. Sa parcimonie auvergnate s’indignait de ce terrain donné.

Andermatt eut un mouvement d’éloquence ; il compara le grand agriculteur qui jette à poignées la semence dans la terre féconde, avec le paysan rapace qui compte les grains et n’obtient jamais que des demi-récoltes.

Puis, comme Oriol vexé s’obstinait, le banquier fit voter son conseil et ferma la bouche au vieux avec six voix contre deux.