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teur du Puy-de-Dôme, l’avait pris et le parcourait ; et Paul, à cheval sur sa chaise, le front baissé, le cœur crispé, songeait que ce petit homme rose et ventru, assis devant lui, allait emporter, le lendemain, la femme qu’il aimait de toute son âme, Christiane, sa Christiane, sa blonde Christiane qui était à lui, toute à lui, rien qu’à lui. Et il se demandait s’il n’allait pas l’enlever ce soir-là même.

Les sept messieurs demeuraient sérieux et tranquilles.

Au bout d’une heure, ce fut fini. On signa.

Le notaire prit acte des versements. A l’appel de son nom, le caissier, M. Abraham Lévy, déclara avoir reçu les fonds. Puis la Société, aussitôt constituée légalement, fut déclarée réunie en assemblée générale, tous les actionnaires étant présents, pour la nomination du conseil d’administration et l’élection de son président.

Toutes les voix, moins deux, proclamèrent Andermatt président. Les deux voix dissidentes, celles du paysan et de son fils, avaient désigné Oriol. Brétigny fut nommé commissaire de surveillance.

Alors le conseil, composé de MM. Andermatt, le marquis et le comte de Ravenel, Brétigny, Oriol père et fils, le docteur Latonne, Abraham Lévy et Simon Zidler, pria le reste des actionnaires de se retirer, ainsi que le notaire et son clerc, afin qu’il pût délibérer sur les premières résolutions à prendre et arrêter les points les plus importants.

Andermatt se leva de nouveau.