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son père, son frère et Paul allaient voir ce que Gontran appelait la « soupe du pauvre ». D’autres baigneurs y venaient aussi et on faisait cercle autour du trou en causant avec le vagabond.

Il ne marchait pas mieux, affirmait-il, mais il se sentait les jambes pleines de fourmis ; et il racontait comment ces fourmis allaient, venaient, montaient jusqu’aux cuisses, redescendaient jusqu’au bout des doigts. Et il les sentait même la nuit, ces bêtes chatouilleuses qui le piquaient et lui ôtaient le sommeil.

Tous les étrangers et les paysans, partagés en deux camps, celui des confiants et celui des incrédules, s’intéressaient à cette cure.

Après le déjeuner, Christiane allait souvent chercher les petites Oriol, afin de faire ensemble une promenade. C’étaient les seules femmes de la station avec qui elle pût causer, avec qui elle pût avoir des relations agréables, à qui elle pût donner un peu de confiance amicale et demander un peu d’affection féminine. Elle avait pris goût tout de suite au bon sens sérieux et souriant de l’aînée et plus encore à l’esprit sournois et drôle de la cadette, et c’était moins pour complaire à son mari que pour son propre agrément qu’elle recherchait maintenant l’amitié des deux fillettes.

On partait pour une excursion, tantôt en landau, dans un vieux landau de voyage à six places, trouvé chez un loueur de Riom, et tantôt à pied.

Ils aimaient surtout un petit vallon sauvage au-