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grand sens pratique et sûr de son gendre, s’écria :

— Ah ! voilà qui est vrai ! Vous, d’ailleurs, mon cher, vous êtes unique pour toucher juste.

Andermatt, excité, reprit :

— Il y aurait une fortune à faire ici. Le pays est admirable, le climat excellent ; une seule chose m’inquiète : aurions-nous assez d’eau pour un grand établissement ? car les choses faites à moitié avortent toujours ! Il nous faudrait un très grand établissement et, par conséquent, beaucoup d’eau, assez d’eau pour alimenter deux cents baignoires en même temps, avec un courant rapide et continu ; et la nouvelle source, jointe à l’ancienne, n’en alimenterait pas cinquante, quoi qu’en dise le docteur Latonne…

M. Aubry-Pasteur l’interrompit :

— Oh ! pour de l’eau, je vous en donnerai autant que vous voudrez.

Andermatt fut stupéfait :

— Vous ?

— Oui, moi. Cela vous étonne. Je m’explique. L’an dernier, vers la même époque, j’étais ici comme cette année ; car je me trouve très bien des bains d’Enval, moi. Or, un matin, je me reposais dans ma chambre, quand je vis arriver un gros monsieur. C’était le président du conseil d’administration de