Page:Maupassant - Mont-Oriol, éd. Conard, 1910.djvu/59

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

à travers les pieds des curieux. Andermatt était déjà là, ayant traversé le public par des procédés d’insinuation qui lui étaient particuliers, disait Gontran, et il regardait avec une attention profonde sourdre du sol et s’échapper cette eau.

Le docteur Honorat, debout, en face de lui, de l’autre côté du trou, la regardait aussi avec un air d’étonnement ennuyé. Andermatt lui dit :

— Il faudrait la goûter, elle est peut-être minérale.

Le médecin répondit :

— Elle est certainement minérale. Elles sont toutes minérales ici. Il y aura bientôt plus de sources que de malades.

L’autre reprit :

— Mais il est nécessaire de la goûter.

Le médecin ne s’en souciait guère :

— Il faut au moins attendre qu’elle soit devenue propre.

Et chacun voulait voir. Ceux du second rang poussaient les premiers jusque dans la boue. Un enfant y tomba, ce qui fit rire.

Les Oriol, père et fils, étaient là, contemplant avec gravité cette chose inattendue, et ne sachant pas encore ce qu’ils en devaient penser. Le père était sec, un grand corps maigre avec une tête osseuse, une tête grave