Page:Maupassant - Mont-Oriol, éd. Conard, 1910.djvu/43

Cette page a été validée par deux contributeurs.

II


Le déjeuner fut long comme sont les repas de table d’hôte. Christiane, qui ne connaissait pas tous ces visages, causait avec son père et avec son frère. Puis elle monta pour se reposer jusqu’au moment où devait sauter le morne.

Elle fut prête bien avant l’heure et força tout le monde à partir pour ne point manquer l’explosion.

À la sortie du village, au débouché du vallon s’élevait en effet une haute butte, presque un mont, qu’ils gravirent sous un ardent soleil en suivant un petit sentier entre les vignes. Quand ils parvinrent au sommet, la jeune femme poussa un cri d’étonnement devant l’immense horizon déployé soudain sous yeux. En face d’elle s’étendait une plaine infinie qui donnait aussitôt à l’âme la sensation d’un océan. Elle s’en allait, voilée par une