Page:Maupassant - Mont-Oriol, éd. Conard, 1910.djvu/38

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

son torse, ployé, redressé, balancé à gauche et à droite comme un bâton de chef d’orchestre, trois musiciens singuliers assis en face de lui. C’était le maestro Saint-Landri.

Lui et ses aides, un pianiste dont l’instrument, monté sur roulettes, était brouetté chaque matin du vestibule des bains au kiosque, un flûtiste énorme, qui avait l’air de sucer une allumette en la chatouillant de ses gros doigts bouffis, et une contre-basse d’aspect phtisique, produisaient avec beaucoup de fatigue cette imitation parfaite d’un mauvais orgue de Barbarie, qui avait surpris Christiane dans les rues du village.

Comme elle s’arrêtait à les contempler, un monsieur salua son frère :

— Bonjour, mon cher comte.

— Bonjour, docteur.

Et Gontran présenta :

— Ma sœur, — monsieur le docteur Honorat.

Elle put à peine retenir sa gaieté, en face de ce troisième médecin.

Il salua et complimenta.

— J’espère que madame n’est pas malade ?

— Si. Un peu.

Il n’insista point et changea de conversation.

— Vous savez, mon cher comte, que