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d’argent plus tard, sans doute, mais qui ne vaut rien pour moi. J’ai cherché, par tous les moyens possibles, à lui faire modifier cette répartition et à intervertir les lots. Je me suis heurté à un entêtement de mulet. Il ne changera pas, c’est décidé. Réfléchissez, qu’en pensez-vous ?

Gontran fort troublé, fort perplexe, répondit :

— Qu’en pensez-vous vous-même ? Croyez-vous qu’il ait songé à moi en faisant ainsi les parts ?

— Je n’en doute pas. Le rustre s’est dit : « Puisque la petite lui plaît, gardons le sac ».

Il a espéré vous donner sa fille en conservant ses meilleures terres… Et puis, peut-être a-t-il voulu avantager l’aînée… Il la préfère… qui sait… elle lui ressemble davantage… elle est plus rusée… plus adroite… plus pratique… Je la crois forte, cette gamine-là… Moi, à votre place… je changerais mon bâton d’épaule…

Mais Gontran, abasourdi, murmurait :

— Diable… diable… diable !… Et les terres de Charlotte… vous n’en voulez pas, vous ?…

Andermatt s’écria :

— Moi… non… mille fois non !… Il me faut celles qui relient mes bains, mon hôtel et