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brillant, leur nuance superbe et leur abondance, au cocher des renseignements fort utiles de médecine vétérinaire, et il savait rendre les heures courtes et légères, inventer des distractions, trouver dans les hôtels des connaissances de passage toujours choisies avec discernement.

La duchesse disait à Christiane, en parlant de lui :

— C’est un homme merveilleux, chère madame, il sait tout, il fait tout. C’est à lui que je dois ma taille.

— Comment, votre taille ?

— Oui, je commençais à engraisser et il m’a sauvée avec son régime et ses liqueurs.

Il savait, d’ailleurs, rendre intéressante la médecine elle-même tant il en parlait avec aisance, avec gaieté et avec un scepticisme léger qui lui servait à convaincre ses auditeurs de sa supériorité.

— C’est bien simple, disait-il, je ne crois pas aux remèdes. Ou plutôt je n’y crois guère. La vieille médecine partait de ce principe qu’il y a remède à tout. Dieu, croyait-on, dans sa divine mansuétude, avait créé des drogues pour tous les maux, seulement il avait laissé aux hommes, par malice peut-être, le soin de découvrir ces drogues. Or les hommes en ont découvert un nombre