Page:Maupassant - Mont-Oriol, éd. Conard, 1910.djvu/264

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

elle lui avait dit tout bas, en lui serrant la main :

— Te voici donc venu, je t’attends depuis un mois. Tous les matins, je me demandais : Est-ce aujourd’hui que je le verrai ?… Et tous les soirs je me disais : Ce sera demain alors ? … Pourquoi as-tu tardé si longtemps, mon amour ?

Il répondit avec embarras :

— J’ai eu des occupations, des affaires.

Elle se penchait sur lui, murmurant :

— Ça n’était pas bien de me laisser seule ici, avec eux, surtout dans ma situation.

Il écarta un peu sa chaise :

— Prends garde, on pourrait nous voir. Ces fusées éclairent tout le pays.

Elle n’y pensait guère ; elle dit :

— Je t’aime tant !

Puis, avec des tressaillements de joie :

— Oh ! que je suis heureuse, que je suis heureuse de nous retrouver ensemble, ici ! Y songes-tu ? Paul, quelle joie ! Comme nous allons nous aimer encore ?

Elle soupira d’une voix si faible qu’elle semblait un souffle.

— J’ai une envie folle de t’embrasser, mais folle… là, … folle. Je ne t’ai pas vu depuis si longtemps !

Puis soudain, avec une énergie violente de