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un malheur que ce réveil ; elle avait envie de prier la femme de la laisser encore quelques minutes, puis elle réfléchit que tous les jours elle retrouverait cette joie, et elle sortit de l’eau avec regret pour se rouler dans un peignoir chaud, qui la brûlait un peu.

Comme elle s’en allait, le docteur Bonnefille ouvrit la porte de son cabinet de consultation et la pria d’entrer, en la saluant avec cérémonie. Il s’informa de sa santé, lui tâta le pouls, regarda sa langue, prit des nouvelles de son appétit et de sa digestion, l’interrogea sur son sommeil, puis la reconduisit jusqu’à l’entrée de l’appartement en répétant :

— Allons, allons, ça va bien, ça va bien, mes respects s’il vous plaît à monsieur votre père, un des hommes les plus distingués que j’aie rencontrés dans ma carrière.

Elle sortit enfin, ennuyée déjà de cette obsession, et devant la porte elle aperçut le marquis qui causait avec Andermatt, Gontran et Paul Brétigny.

Son mari, dans la tête de qui toute idée nouvelle bourdonnait sans repos, comme une mouche dans une bouteille, racontait l’histoire du paralytique, et voulait retourner voir si le vagabond prenait son bain.

On y alla, pour lui plaire.

Mais Christiane, tout doucement, retint