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— Lâche-moi donc. Je suis ton père… Tiens, regarde s’ils me reconnaissent maintenant, ces misérables !

Effaré, le jeune homme ouvrit les mains et se tourna vers sa mère.

Parent, libre, s’avança vers elle :

— Hein ? Dites-lui qui je suis, vous ! Dites-lui que je m’appelle Henri Parent, et que je suis son père puisqu’il se nomme Georges Parent, puisque vous êtes ma femme, puisque vous vivez tous les trois de mon argent, de la pension de dix mille francs que je vous fais depuis que je vous ai chassés de chez moi. Dites-lui aussi pourquoi je vous ai chassés de chez moi ? Parce que je vous ai surprise avec ce gueux, cet infâme, avec votre amant ! — Dites-lui ce que j’étais, moi, un brave homme, épousé par vous pour ma fortune, et trompé depuis le premier jour. Dites-lui qui vous êtes et qui je suis…

Il balbutiait, haletait, emporté par la colère.

La femme cria d’une voix déchirante :

— Paul, Paul, empêche-le ; qu’il se taise,