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veillés, remués par ce rayon de soleil sur les plaines.

Il sentit que s’il demeurait seul plus longtemps en ce lieu, il allait perdre la tête, et il gagna bien vite le pavillon Henri IV pour déjeuner, s’étourdir avec du vin et de l’alcool et parler à quelqu’un, au moins.

Il prit une petite table dans les bosquets d’où l’on domine toute la campagne, fit son menu et pria qu’on le servît tout de suite.

D’autres promeneurs arrivaient, s’asseyaient aux tables voisines. Il se sentait mieux ; il n’était plus seul.

Dans une tonnelle, trois personnes déjeunaient. Il les avait regardées plusieurs fois sans les voir, comme on regarde les indifférents.

Tout à coup, une voix de femme jeta en lui un de ces frissons qui font tressaillir les moelles.

Elle avait dit, cette voix : « Georges, tu vas découper le poulet. »

Et une autre voix répondit : « Oui, maman. »