Page:Maupassant - Monsieur Parent.djvu/50

Cette page a été validée par deux contributeurs.

cet imbécile-là, il n’y a rien à craindre. Non, mais c’est incroyable que tu ne comprennes pas combien il m’est odieux, combien il m’énerve. Toi, tu as toujours l’air de le chérir, de lui serrer la main avec franchise. Les hommes sont surprenants parfois.

— Il faut bien savoir dissimuler, ma chère.

— Il ne s’agit pas de dissimulation, mon cher, mais de sentiments. Vous autres, quand vous trompez un homme, on dirait que vous l’aimez tout de suite davantage ; nous autres, nous le haïssons à partir du moment où nous l’avons trompé.

— Je ne vois pas du tout pourquoi on haïrait un brave garçon dont on prend la femme.

— Tu ne vois pas ?… tu ne vois pas ?… C’est un tact qui vous manque à tous, cela ! Que veux-tu ? ce sont des choses qu’on sent et qu’on ne peut pas dire. Et puis d’abord on ne doit pas ?… Non, tu ne comprendrais point, c’est inutile ! Vous autres, vous n’avez pas de finesse.