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et de lui en vouloir uniquement parce que tu le trompes.

Elle s’approcha de Limousin, et, le regardant au fond des yeux :

— C’est toi qui me reproches de le tromper, toi ? toi ? toi ? Faut-il que tu aies un sale cœur ?

Il se défendit, un peu honteux : — Mais je ne te reproche rien, ma chère amie, je te demande seulement de ménager un peu ton mari, parce que nous avons besoin l’un et l’autre de sa confiance. Il me semble que tu devrais comprendre cela.

Ils étaient tout près l’un de l’autre, lui grand, brun, avec des favoris tombants, l’allure un peu vulgaire d’un beau garçon content de lui ; elle mignonne, rose et blonde, une petite Parisienne mi-cocotte et mi-bourgeoise, née dans une arrière-boutique, élevée sur le seuil du magasin à cueillir les passants d’un coup d’œil, et mariée, au hasard de cette cueillette, avec le promeneur naïf qui s’est épris d’elle pour l’avoir vue, chaque jour,