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Parent s’était assis à côté de son enfant, l’esprit en détresse, la raison emportée dans cette catastrophe. Il faisait manger le petit, essayait de manger lui-même, coupait la viande, la mâchait et l’avalait avec effort, comme si sa gorge eût été paralysée.

Alors, peu à peu, s’éveilla dans son âme un désir affolé de regarder Limousin assis en face de lui et qui roulait des boulettes de pain. Il voulait voir s’il ressemblait à Georges. Mais il n’osait pas lever les yeux. Il s’y décida pourtant, et considéra brusquement cette figure qu’il connaissait bien, quoiqu’il lui semblât ne l’avoir jamais examinée, tant elle lui parut différente de ce qu’il pensait. De seconde en seconde, il jetait un coup d’œil rapide sur ce visage, cherchant à en reconnaître les moindres lignes, les moindres traits, les moindres sens ; puis, aussitôt, il regardait son fils, en ayant l’air de le faire manger.

Deux mots ronflaient dans son oreille : « Son père ! son père ! son père ! » Ils bour-