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je vais te raconter, mais ça ne fait rien ; tu connais la vie, toi, et puis quand on est resté quatre ans à Chatou…

Donc elle nous dit : « Nous allons lever au bal de l’Opéra ce qu’il y a de mieux à Paris comme hommes, les plus distingués et les plus riches. Moi, je les connais. »

Nous n’avons pas cru, d’abord, que c’était vrai ; parce que ces hommes-là ne sont pas faits pour les modistes, pour Irma oui, mais pour nous, non. Oh ! elle était d’un chic, cette Irma. Tu sais, nous avions coutume de dire à l’atelier que si l’empereur l’avait connue, il l’aurait certainement épousée.

Pour lors, elle nous fit habiller de ce que nous avions de mieux et elle nous dit : « Vous, vous n’entrerez pas au bal, vous allez rester chacune dans un fiacre dans les rues voisines. Un monsieur viendra qui montera dans votre voiture. Dès qu’il sera entré, vous l’embrasserez le plus gentiment que vous pourrez ; et puis vous pousserez un grand cri pour montrer que vous vous êtes trompée, que vous en