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de cette vue comme j’aurais voulu. Ce doit être superbe de voir saigner un taureau.

Et puis j’ai fait comme les assassins, comme les vrais. J’ai lavé les ciseaux, je me suis lavé les mains, j’ai jeté l’eau et j’ai porté le corps, le cadavre, dans le jardin pour l’enterrer. Je l’ai enfoui sous un fraisier. On ne le trouvera jamais. Je mangerai tous les jours une fraise à cette plante. Vraiment, comme on peut jouir de la vie, quand on sait !

Mon domestique a pleuré ; il croit son oiseau parti. Comment me soupçonnerait-il ! Ah ! ah !

25 août. — Il faut que je tue un homme ! Il le faut.

30 août. — C’est fait. Comme c’est peu de chose !

J’étais allé me promener dans le bois de Vernes. Je ne pensais à rien, non, à rien. Voilà un enfant dans le chemin, un petit garçon qui mangeait une tartine de beurre.

Il s’arrête pour me voir passer et dit : « Bonjour, m’sieu le président. »