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avaient tué par le couteau, moi ! moi ! si je faisais comme tous les assassins que j’ai frappés, moi ! moi ! qui le saurait ?

10 août. — Qui le saurait jamais ? Me soupçonnerait-on, moi, moi, surtout si je choisis un être que je n’ai aucun intérêt à supprimer ?

15 août. — La tentation ! La tentation, elle est entrée en moi comme un ver qui rampe. Elle rampe, elle va ; elle se promène dans mon corps entier, dans mon esprit, qui ne pense plus qu’à ceci : tuer ; dans mes yeux, qui ont besoin de regarder du sang, de voir mourir ; dans mes oreilles, où passe sans cesse quelque chose d’inconnu, d’horrible, de déchirant et d’affolant, comme le dernier cri d’un être ; dans mes jambes, où frissonne le désir d’aller, d’aller à l’endroit où la chose aura lieu ; dans mes mains, qui frémissent du besoin de tuer. Comme cela doit être bon, rare, digne d’un homme libre, au-dessus des autres, maître de son cœur et qui cherche des sensations raffinées !