Page:Maupassant - Monsieur Parent.djvu/17

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Mais ça détruirait l’estomac du petit de le faire manger à huit heures ! Oh ! s’il n’y avait que sa mère ! Elle s’en soucie bien de son enfant ! Ah oui ! parlons-en, en voilà une mère ! Si ce n’est pas une pitié de voir des mères comme ça !

Parent, tout frémissant d’angoisse, sentit qu’il fallait arrêter net la scène menaçante.

— Julie, dit-il, je ne te permets point de parler ainsi de ta maîtresse. Tu entends, n’est-ce pas ? ne l’oublie plus à l’avenir.

La vieille bonne, suffoquée par l’étonnement, tourna les talons et sortit en tirant la porte avec tant de violence que tous les cristaux du lustre tintèrent. Ce fut, pendant quelques secondes, comme une légère et vague sonnerie de petites clochettes invisibles qui voltigea dans l’air silencieux du salon.

Georges, surpris d’abord, se mit à battre des mains avec bonheur, et, gonflant ses joues, fit un gros « boum » de toute la force de ses poumons pour imiter le bruit de la porte.

Alors son père lui conta des histoires ;