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Alors la garde, s’étant assise sur une des bornes, près du seuil, se mit à dévêtir l’enfant. Je crus d’abord qu’il avait mouillé ses linges, mais je vis qu’on le mettait nu, tout nu, le misérable, tout nu, dans l’air gelé. Je m’avançai, révolté d’une telle imprudence.

— Mais vous êtes folle ! Vous allez le tuer !

La femme répondit placidement : « Oh non, m’sieu not’ maître, faut qu’il attende l’bon Dieu tout nu. »

Le père et la tante regardaient cela avec tranquillité. C’était l’usage. Si on ne l’avait pas suivi, il serait arrivé malheur au petit.

Je me fâchai, j’injuriai l’homme, je menaçai de m’en aller, je voulus couvrir de force la frêle créature. Ce fut en vain. La garde se sauvait devant moi en courant dans la neige, et le corps du mioche devenait violet.

J’allais quitter ces brutes quand j’aperçus le curé arrivant par la campagne suivi du sacristain et d’un gamin du pays.

Je courus vers lui et je lui dis, avec violence, mon indignation. Il ne fut point sur-