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Je ne puis plus voir une femme sans penser à elle. Toutes les autres me répugnent, me dégoûtent, à moins qu’elles ne lui ressemblent. Je ne puis poser un baiser sur une joue sans voir sa joue à elle à côté de celle que j’embrasse, et sans souffrir affreusement du désir inapaisé qui me torture.

Elle assiste à tous mes rendez-vous, à toutes mes caresses qu’elle me gâte, qu’elle me rend odieuses. Elle est toujours là, habillée ou nue, comme ma vraie maîtresse ; elle est là, tout près de l’autre, debout ou couchée, visible mais insaisissable. Et je crois maintenant que c’était bien une femme ensorcelée, qui portait entre ses épaules un talisman mystérieux.

Qui est-elle ? Je ne le sais pas encore. Je l’ai rencontrée de nouveau deux fois. Je l’ai saluée. Elle ne m’a point rendu mon salut, elle a feint de ne me point connaître. Qui est-elle ! Une Asiatique, peut-être ? Sans doute une juive d’Orient ? Oui, une juive ! J’ai dans l’idée que c’est une juive ? Mais pourquoi ? Voilà ! Pourquoi ? Je ne sais pas !