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tion, en voilà une, » et on va au-devant d’elle en la dévorant des yeux.

Est-ce une fillette qui fait les courses du magasin, une jeune femme qui vient de l’église ou qui va chez son amant ? Qu’importe ! La poitrine est ronde sous le corsage transparent. — Oh ! si on pouvait mettre le doigt dessus ? le doigt ou la lèvre. — Le regard est timide ou hardi, la tête brune ou blonde ? Qu’importe ! L’effleurement de cette femme qui trotte vous fait courir un frisson dans le dos. Et comme on la désire jusqu’au soir, celle qu’on a rencontrée ainsi ! Certes, j’ai bien gardé le souvenir d’une vingtaine de créatures vues une fois ou dix fois de cette façon et dont j’aurais été follement amoureux si je les avais connues plus intimement.

Mais voilà, celles qu’on chérirait éperdument, on ne les connaît jamais. Avez-vous remarqué ça ? c’est assez drôle ! On aperçoit, de temps en temps, des femmes dont la seule vue nous ravage de désirs. Mais on ne fait que les apercevoir, celles-là. Moi, quand je