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l’entrée d’un vallon, au bord d’une rivière, ainsi qu’on rencontrerait une belle fille complaisante.

Je me souviens d’un jour, entre autres. J’allais, le long de l’Océan breton, vers la pointe du Finistère. J’allais, sans penser à rien, d’un pas rapide, le long des flots. C’était dans les environs de Quimperlé, dans cette partie la plus douce et la plus belle de la Bretagne.

Un matin de printemps, un de ces matins qui vous rajeunissent de vingt ans, vous refont des espérances et vous redonnent des rêves d’adolescents.

J’allais, par un chemin à peine marqué, entre les blés et les vagues. Les blés ne remuaient point du tout, et les vagues remuaient à peine. On sentait bien l’odeur douce des champs mûrs et l’odeur marine du varech. J’allais sans penser à rien, devant moi, continuant mon voyage commencé depuis quinze jours, un tour de Bretagne par les côtes. Je me sentais fort, agile, heureux et gai. J’allais.