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Voici les ivoires du Japon. Il en possède une collection magnifique. L’un représente un guerrier qui court sur l’eau ; c’est d’un travail incomparable. Un autre nous fait voir la Mort qui regarde un serpent enroulé sous une feuille. La Mort est penchée, et dans son mouvement on sent une curiosité bienveillante, un intérêt tendre pour la bête empoisonneuse. Voici un singe qui mord un coquillage : la tête de l’animal est d’un irrésistible comique. Voici encore un rat d’un prodigieux naturel. Or, il paraît que, là-bas, dans les familles, les artisans font de père en fils le même objet ; aussi, lorsque quatre générations d’hommes ont fabriqué des souris, il n’est pas étonnant qu’ils arrivent à les exécuter presque plus souris que nature.

Dans cette autre vitrine s’alignent les sabres pour s’ouvrir le ventre ! Les gardes de ces sabres sont de vrais bijoux ; et, dans le fait, ils constituent, avec les pipes, les étuis et quelques autres menus objets, toute la bijouterie du Japon.