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On lit cette pensée dans ce superbe livre qui a titre Idées et Sensations :

« Il y a des collections d’objets d’art qui ne montrent ni une passion, ni un goût, ni une intelligence, rien que la victoire brutale de la richesse. »

La collection amassée par Edmond et Jules Goncourt est, au contraire, une victoire de la passion du goût et de l’intelligence.

Quand les deux frères vinrent à Paris, ils avaient modeste fortune avec laquelle d’autres n’auraient su que vivre, et avec laquelle ils surent acheter des objets inappréciés encore, et bientôt inestimables.

Ils se reposaient d’écrire en fouillant les boutiques, en feuilletant les amas de dessins inexplorés que certains marchands d’estampes gardaient en leurs greniers. Avec un flair infaillible, ils trouvaient les croquis des maîtres et les emportaient comme des trésors. Pour eux, aucune des satisfactions communes de la