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MADAME BAPTISTE.

dessous, et détournaient bien vite la tête d’un air distrait, si par hasard elle les fixait.

« On la saluait à peine. Seuls, quelques hommes se découvraient. Les mères feignaient de ne pas l’avoir aperçue. Quelques petits voyous l’appelaient « Madame Baptiste », du nom du valet qui l’avait outragée et perdue.

« Personne ne connaissait les tortures secrètes de son âme ; car elle ne parlait guère et ne riait jamais. Ses parents eux-mêmes semblaient gênés devant elle, comme s’ils lui en eussent éternellement voulu de quelque faute irréparable.

« Un honnête homme ne donnerait pas volontiers la main à un forçat libéré, n’est-ce pas, ce forçat fût-il son fils ? M. et Mme  Fontanelle considéraient leur fille comme ils eussent fait d’un fils sortant du bagne.

« Elle était jolie et pâle, grande, mince,