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près. Si nous nous emparions de lui par la force ? »

Je criai : « Bravo ! » Chacun s’élança sur ses armes ; la porte du placard fut ouverte, et Sorieul, armant son pistolet qui n’était pas chargé, se précipita le premier.

Nous le suivîmes en hurlant. Ce fut une bousculade effroyable dans l’ombre ; et après cinq minutes d’une lutte invraisemblable, nous ramenâmes au jour une sorte de vieux bandit à cheveux blancs, sordide et déguenillé.

On lui lia les pieds et les mains, puis on l’assit dans un fauteuil. Il ne prononça pas une parole.

Alors Sorieul, pénétré d’une ivresse solennelle, se tourna vers nous :

« Maintenant nous allons juger ce misérable. »

J’étais tellement gris que cette proposition me parut toute naturelle.