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RÉVEIL.

complète en un rêve. Leurs bouches à tout instant se cherchaient, s’attachaient l’une à l’autre, et se repoussaient pour se retrouver aussitôt.

Il n’osa pas la reconduire chez elle, et la laissa sur sa porte, affolée et défaillante.

M. Paul Péronel l’attendait dans le petit salon sans lumière.

En lui touchant la main, il sentit qu’une fièvre la brûlait. Il se mit à causer à mi-voix, tendre et galant, berçant cette âme épuisée au charme de paroles amoureuses. Elle l’écoutait sans répondre, pensant à l’autre, croyant entendre l’autre, croyant le sentir contre elle, dans une sorte d’hallucination. Elle ne voyait que lui, ne se rappelait plus qu’il existait un autre homme au monde ; et quand son oreille tressaillait à ces trois syllabes : « Je vous aime », c’était lui, l’autre, qui les disait, qui baisait ses doigts, c’était lui qui serrait sa poitrine comme tout à l’heure dans le