Page:Maupassant - Mademoiselle Fifi.djvu/163

Cette page a été validée par deux contributeurs.
158
RÉVEIL.

galanteries, sûre de sa résistance, un peu dégoûtée de l’amour par ce qu’elle en avait appris dans le mariage.

La pensée de livrer son corps aux grossières caresses de ces êtres barbus la faisait rire de pitié et frissonner un peu de répugnance. Elle se demandait avec stupeur comment des femmes pouvaient consentir à ces contacts dégradants avec des étrangers, alors qu’elles y étaient déjà contraintes avec l’époux légitime. Elle eût aimé plus tendrement son mari s’ils avaient vécu comme deux amis, s’en tenant aux chastes baisers qui sont les caresses des âmes.

Mais elle s’amusait beaucoup des compliments, des désirs apparus dans les yeux et qu’elle ne partageait point, des attaques directes, des déclarations jetées dans l’oreille quand on repassait au salon après les fins dîners, des paroles balbutiées si bas qu’il les fallait presque deviner, et qui lui laissaient la chair froide, le cœur tran-