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LE LIT.

parfait en ce monde que ces étreintes faisant de deux êtres un seul, et donnant à chacun, dans le même moment, la même pensée, la même attente et la même joie éperdue qui descend en eux comme un feu dévorant et céleste ?

« Vous rappelez-vous ces vers que vous m’avez lus, l’autre année, dans quelque poète antique, je ne sais lequel, peut-être le doux Ronsard ?

Et quand au lit nous serons
Entrelacés, nous ferons
Les lascifs, selon les guises
Des amants qui librement
Pratiquent folâtrement
Sous les draps cent mignardises

« Ces vers-là, je les voudrais avoir brodés en ce plafond de mon lit, d’où Pyrame et Thisbé me regardent sans fin avec leurs yeux de tapisserie.

« Et songez à la mort, mon ami, à tous ceux qui ont exhalé vers Dieu leur dernier