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LA RELIQUE.

Je fis semblant d’avoir oublié ; elle ne me crut pas. Je me laissai prier, supplier même ; et, quand je la sentis éperdue de curiosité, je lui offris le saint médaillon. Elle demeura saisie de joie. « Une relique ! Oh ! une relique ! » Et elle baisait passionnément la boîte. J’eus honte de ma supercherie.

Mais une inquiétude l’effleura, qui devint aussitôt une crainte horrible ; et, me fixant au fond des yeux :

« Êtes-vous bien sûr qu’elle soit authentique ?

— Absolument certain.

— Comment cela ? »

J’étais pris. Avouer que j’avais acheté cet ossement à un marchand courant les rues, c’était me perdre. Que dire ? Une idée folle me traversa l’esprit ; je répondis à voix basse, d’un ton mystérieux :

« Je l’ai volée, pour vous. »

Elle me contempla avec ses grands