Page:Maupassant - Mademoiselle Fifi, Ollendorff, 1902.djvu/86

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
73
MARROCA

de lierre. Et dans les bois montueux autour de la cité, partout des ruines, des pans de murailles romaines, des morceaux de monuments sarrasins, des restes de constructions arabes.

J’avais loué dans la ville haute une petite maison mauresque. Tu connais ces demeures si souvent décrites. Elles ne possèdent point de fenêtres en dehors ; mais une cour intérieure les éclaire du haut en bas. Elles ont, au premier, une grande salle fraîche où l’on passe les jours, et tout en haut une terrasse où l’on passe les nuits.

Je me mis tout de suite aux coutumes des pays chauds, c’est-à-dire à faire la sieste après mon déjeuner. C’est l’heure étouffante d’Afrique, l’heure où l’on ne respire plus, l’heure où les rues, les plaines et les longues routes aveuglantes sont désertes, où tout le monde dort, essaye au moins de dormir, avec aussi peu de vêtements que possible.

J’avais installé dans ma salle à colonnettes d’architecture arabe un grand divan moelleux, couvert de tapis du Djebel-Amour. Je m’étendais là-dessus à peu près dans le costume d’Assan, mais je n’y pouvais guère reposer, torturé par ma continence.

Oh ! mon ami, il est deux supplices de cette terre