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MARROCA


Mon ami, tu m’as demandé de t’envoyer mes impressions, mes aventures, et surtout mes histoires d’amour sur cette terre d’Afrique qui m’attirait depuis si longtemps. Tu riais beaucoup, d’avance, de mes tendresses noires, comme tu disais ; et tu me voyais déjà revenir suivi d’une grande femme en ébène coiffée d’un foulard jaune, et ballottante en des vêtements éclatants.

Le tour des Moricaudes viendra sans doute, car j’en ai vu déjà plusieurs qui m’ont donné quelque envie de me tremper en cette encre ; mais je suis tombé pour mon début sur quelque chose de mieux et de singulièrement original.

Tu m’as écrit, dans ta dernière lettre : « Quand je sais comment on aime dans un pays, je connais ce pays à le décrire, bien que ne l’ayant jamais vu ».