« Pour moi, vous êtes deux espions envoyés pour me guetter. Je vous prends et je vous fusille. Vous faisiez semblant de pêcher, afin de mieux dissimuler vos projets. Vous êtes tombés entre mes mains, tant pis pour vous ; c’est la guerre.
« Mais comme vous êtes sortis par les avant-postes, vous avez assurément un mot d’ordre pour rentrer. Donnez-moi ce mot d’ordre et je vous fais grâce. »
Les deux amis, livides, côte à côte, les mains agitées d’un léger tremblement nerveux, se taisaient.
L’officier reprit : « Personne ne le saura jamais, vous rentrerez paisiblement. Le secret disparaîtra avec vous. Si vous refusez, c’est la mort, et tout de suite. Choisissez ».
Ils demeuraient immobiles sans ouvrir la bouche.
Le Prussien, toujours calme, reprit en étendant la main vers la rivière : « Songez que dans cinq minutes vous serez au fond de cette eau. Dans cinq minutes ! Vous devez avoir des parents ? »
Le Mont-Valérien tonnait toujours.
Les deux pêcheurs restaient debout et silencieux. L’Allemand donna des ordres dans sa langue. Puis il changea sa chaise de place pour ne pas se trouver