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un reveillon

sin demanda : « Eh bien, Anthime, votre grand-père est mort ?

— Oui, mon pauv’monsieur, il a passé tantôt. »

Le silence recommença. La femme, par politesse, moucha la chandelle. Alors, pour dire quelque chose, j’ajoutai : « Il était bien vieux ».

Sa petite-belle-fille de cinquante-sept ans reprit :

« Oh ! son temps était terminé, il n’avait plus rien à faire ici ».

Soudain, le désir me vint de regarder le cadavre de ce centenaire, et je priai qu’on me le montrât.

Les deux paysans, jusque-là placides, s’émurent brusquement. Leurs yeux inquiets s’interrogèrent, et ils ne répondirent pas.

Mon cousin, voyant leur trouble, insista.

L’homme alors, d’un air soupçonneux et sournois, demanda : « À quoi qu’ça vous servirait ?

— À rien, dit Jules, mais ça se fait tous les jours ; pourquoi ne voulez-vous pas le montrer ? »

Le paysan haussa les épaules. — « Oh ! moi, j’veux ben ; seulement, à c’te heure-ci, c’est malaisé ».

Mille suppositions nous passaient dans l’esprit. Comme les petits-enfants du mort ne remuaient tou-