Page:Maupassant - Mademoiselle Fifi, Ollendorff, 1902.djvu/129

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
116
LA RELIQUE

j’apporte une relique, une vraie, authentique, certifiée par Notre Saint-Père le Pape, d’une vierge et martyre quelconque.

Je deviens fou d’embarras et d’inquiétude.

J’irai à Rome, s’il le faut. Mais je ne puis me présenter au Pape à l’improviste et lui raconter ma sotte aventure. Et puis je doute qu’on confie aux particuliers des reliques véritables.

Ne pourrais-tu me recommander à quelque monsignor, ou seulement à quelque prélat français, propriétaire de fragments d’une sainte ? Toi-même, n’aurais-tu pas en tes collections le précieux objet réclamé ?

Sauve-moi, mon cher abbé, et je te promets de me convertir dix ans plus tôt !

Mme d’Arville, qui prend la chose au sérieux, m’a dit : « Cette pauvre Gilberte ne se mariera jamais. »

Mon bon camarade, laisseras-tu ta cousine mourir victime d’une stupide fumisterie ? Je t’en supplie, fais qu’elle ne soit pas la onze mille et unième.

Pardonne, je suis indigne ; mais je t’embrasse et je t’aime de tout cœur.

Ton vieil ami,
Henri Pontal.