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semble peut-être moins insignifiante que développée en cinq cents pages.

Pourtant on a fait des livres charmants sur des sujets si ténus, si vagues ! D’où vient l’invincible somnolence qui vous prend en lisant ce gros roman ?

Elle vient de la pâleur du style, de l’uniforme banalité de la phrase, du français-suisse, enfin.

Qu’est-ce donc au juste que le suisse employé avec tant de supériorité par M. Cherbuliez ? Une langue correcte pourtant, mais d’autant plus correcte qu’elle est faite de toutes les locutions connues et adoptées, de toutes les idées reçues ayant cours, de toutes les périphrases en usage pour mal dire les choses.

Les éditeurs Marpon et Flammarion viennent de mettre en vente un très intéressant Dictionnaire de la Langue verte, par M. Alfred Delvau ; les éditeurs Hachette devraient répondre à cette audace par un dictionnaire des idées reçues et des phrases toutes faites, prises dans les Œuvres complètes de M. Victor Cherbuliez, de l’Académie française.