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ment de sa force par sa beauté, la satisfaction d’être jolie, un immense orgueil satisfait, et encore une autre indéfinissable sensation de femme qui accomplit sans cesse son rôle de charmeuse, de séductrice, de conquérante, son rôle naturel et instinctif.

Puis voilà que peu à peu les hommes s’éloignent. Elle, qui était tout, n’est plus rien, mais rien, qu’une vieille femme, un être fini dont la tâche humaine est achevée de par l’impitoyable loi des âges.

Elle vit encore cependant, et elle peut vivre longtemps. Et on dit d’elle simplement : « En voilà une qui fut jolie ! »

Alors il faut qu’elle disparaisse, ou qu’elle lutte, et qu’elle sache alors devenir, à force de grâce non plus rayonnante mais réfléchie, à force de volonté de plaire encore, de plaire toujours, cet être adorable et si rare : une vieille femme séduisante.



Mais pour cela il lui faut de l’esprit,