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vous. Et elle a attendu, oui, monsieur, plus d’un mois ; et elle était bien triste, allez, bien triste. Je suis sa mère ! »

Je me sentis vraiment un peu déconcerté. Je repris cependant mon assurance et je demandai : « Est-ce qu’elle est ici en ce moment ? »

— Non, monsieur, elle est à Paris, avec un peintre, un garçon charmant qui l’aime, monsieur, qui l’aime d’un grand amour et qui lui donne tout ce qu’elle veut. Tenez, regardez ce qu’elle m’envoie, à moi, sa mère. C’est gentil, n’est-ce pas ?

Et elle me montrait, avec une animation toute méridionale, les gros bracelets de ses bras et le lourd collier de son cou. Elle reprit : « J’ai aussi deux boucles d’oreilles avec des pierres, et une robe de soie, et des bagues ; mais je ne les porte pas le matin, je les mets seulement sur le tantôt, quand je m’habille en toilette. Oh ! elle est très heureuse, monsieur, très heureuse. Comme elle sera contente quand je lui écrirai que vous êtes venu ! Mais entrez, monsieur, asseyez-vous. Vous prendrez bien quelque chose, entrez. »

Je refusais, voulant partir maintenant par le premier train. Mais elle m’avait saisi le bras et m’attirait