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Je répondis : « N’est-ce pas ici que demeure Mlle Francesca Rondoli ? »

— Qu’est-ce que vous lui voulez ?

— J’ai eu le plaisir de la rencontrer l’année dernière, et j’aurais désiré la revoir.

La vieille femme me fouillait de son œil méfiant :

« Dites-moi où vous l’avez rencontrée ? »

— Mais, ici même, à Gênes !

— Comment vous appelez-vous ?

J’hésitai une seconde, puis je dis mon nom. Je l’avais à peine prononcé, que l’Italienne leva les bras comme pour m’embrasser : « Ah ! vous êtes le Français ; que je suis contente de vous voir ! Que je suis contente ! Mais, comme vous lui avez fait de la peine à la pauvre enfant ! Elle vous a attendu un mois, monsieur, oui, un mois. Le premier jour, elle croyait que vous alliez venir la chercher. Elle voulait voir si vous l’aimiez ! Si vous saviez comme elle a pleuré quand elle a compris que vous ne viendriez pas. Oui, monsieur, elle a pleuré toutes ses larmes. Et puis, elle a été à l’hôtel. Vous étiez parti. Alors, elle a cru que vous faisiez votre voyage en Italie, et que vous alliez encore passer par Gênes, et que vous la chercheriez en retournant, puisqu’elle n’avait pas voulu aller avec