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— Ça m’est égal, faites comme vous voudrez.

— Voulez-vous vous coucher tout de suite ?

— Oui, je veux bien ; j’ai sommeil.

Elle se leva, bâilla, tendit la main à Paul qui la prit d’un air furieux, et je l’éclairai dans notre appartement.

Mais une inquiétude me hantait : « Voici, lui dis-je de nouveau, tout ce qu’il vous faut. »

Et j’eus soin de verser moi-même la moitié du pot à eau dans la cuvette et de placer la serviette près du savon.

Puis je retournai vers Paul. Il déclara dès que je fus rentré : « Tu as amené là un joli chameau ! » Je répliquai en riant : « Mon cher, ne dis pas de mal des raisins trop verts. »

Il reprit, avec une méchanceté sournoise :

« Tu verras s’il t’en cuira, mon bon. »

Je tressaillis, et cette peur harcelante qui nous poursuit après les amours suspectes, cette peur qui nous gâte les rencontres charmantes, les caresses imprévues, tous les baisers cueillis à l’aventure, me saisit. Je fis le brave cependant : « Allons donc, cette fille-là n’est pas une rouleuse. »

Mais il me tenait, le gredin ! Il avait vu sur mon